jeudi 4 novembre 2010

C'est fait, je l'ai dit...

Avoir un lourd secret, c'est parfois difficile à cacher mais, c'est fait, je l'ai dit... J'ai raconté à l'orthopédagogue de mon école ce qui m'avait poussé à faire un arrêt de travail l'année dernière.
Je vous mets à puce à l'oreille? Et oui, j'ai fait un burn-out de profs. Ça faisait cinq ans que j'avais des groupes difficiles et qu'on remettait en question ma façon de gérer ma classe. Peu importe les interventions que je faisais, c'était toujours de ma faute et c'est ce que ma direction notait dans mon évaluation d'enseignante à statut précaire.
Cinq années, avec des élèves violents qui me frappaient, cinq années avec des parents d'élèves qui me trouvaient trop sévères, cinq années avec des directions qui ne m'offraient pas beaucoup d'aide et cinq années à travailler avec des collègues enseignants qui complotaient avec mes propres élèves pour perdre mon autorité face à mes élèves.
J'ai eu des bleus sur les bras par des élèves violents, des lettres de plaintes de parents qui me trouvaient trop sévère à ma direction, des collègues qui m'ont traité "d'hypocrite" parce que j'informais mon patron des vols que faisaient les autres enseignants dans le matériel de ma classe ou encore des demandes d'intervention que j'ai dû faire avec mon syndicat pour forcer la direction à m'offrir de l'aide pour un élève dangereux. Bref, j'en ai brassé de la marde en cinq ans!!!
Mais la cerise sur le sunday, c'est la plainte d'un parent à la police. J'ai un petit gars à lunettes qui a convaincu ses parents que je l'avais frappé devant toute la classe et lui aurais causé un oeil au beurre noir. L'histoire ne parle pas de ses lunettes qui seraient restées intactes mais elle se serait passée le mois d'avant, à une date où j'étais absente, et la mère qui n'a pas contacté l'école, s'est rendue au poste de police avec son enfant. Elle a aussi convaincu plusieurs élèves de ma classe à faire une déposition comme témoins à la scène.
J'ai été traité comme une criminelle. La commission scolaire m'a suspendue avec solde sans avoir le droit d'entrer en contact avec mes collègues de l'école et en m'expliquant que si la plainte était retenue, on allait m'enlever mon salaire pour la durée du procès (en moyenne deux ans?!!). Tout ça à une époque où mon conjoint faisait un retour aux études après une grosse dépression et que j'étais la seule à amener un revenu à la maison pour nourrir notre jeune famille. J'ai vécu mon premier interrogatoire à vie devant la police. Cinq heures à tenter de me tirer les vers du nez. Entre deux larmes, je revois encore les yeux du policier me dire:"En tout cas, madame, même si vous dites la vérité, j'espère que ce sera la dernière fois que l'on va vous revoir parce que la prochaine fois on va s'en souvenir..."
La plainte a été rejetée après trois mois de paperasse administrative. C'est dur à cacher, c'est dur de ne plus y penser. J'en étais arrivée à avoir peur des enfants. Malheureusement, il n'y aura jamais de compensation ou d'excuses pour tous ces crimes commis contre moi. C'est dommage mais il paraît que c'est ça la vie.

4 commentaires:

  1. J'ai souvent lu des histoires d'horreur d'élèves qui disaient que leur prof mâle les avait agressé sexuellement mais dont l'histoire était monté pour faire "chier" le prof.

    Mais une histoire comme la tienne, c'est la première fois que je lis ça et j'en reviens tout simplement pas... Je pensais que la justice c'était : tu es innocent jusqu'à preuve du contraire ?! Alors que tu as été "traité" en coupable jusqu'à preuve du contraire on dirait :-(

    J'espère que de le lire ça t'a libéré et fait un grand bien. Je souhaite de tout coeur que ça n'arrive pu jamais! Bises xxx

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  2. Malheureusement, avec leur entente multisectiorielle, les commissions scolaires ont choisi de suspendre sans solde les profs qui sont accusés durant toute la durée des procédures judiciaires. Au cas, disent-ils, où ils seraient vraiment coupables... Et de l'autre côté, c'est si facile pour un enfant d'appeler la DPJ pour dénoncer un adulte. Je n'ai aucune libération à raconter tout cela. Je suis juste contente de l'avoir fait une fois, aujourd'hui, sans pleurer... Petit à petit, je m'approche de la sérénité!

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  3. Bon sang... c'est complètement débile cette situation !?! J'ai aussi passé une dernière année difficile alors je t'offre toute ma sympathie ! xx

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  4. Merci Clo! Ne désespère pas! Et si je peux t'aider avec ton petit gars à l'école, ça va me faire plaisir de t'aider. :)

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