samedi 27 novembre 2010

27 novembre...

Même si la nature essaie de me faire oublier cette date fatidique avec son coussin de neige et ses tourbillons aux airs de Noël, le 27 novembre 1993, restera pour toujours une triste date. Un peu comme un deuil, c'est le jour où j'ai vu ma propre mort dans les yeux de ma mère.
Il n'y avait jamais eu de cas d'épilepsie dans ma famille et c'est ma mère qui a dû m'étendre sur le sol alors que j'avais perdu conscience et que mon corps, encore debout, valsait. Paniquée, ma mère avait appelé la police qui lui a proposé après une dizaine de minutes d'attente d'appeler une ambulance.
Mon petit frère, 16ans, n'était pas du tout impressionné par mon état puisqu'il avait suivi des cours d'ambulance St-Jean avec les cadets de la marine. Il est tout simplement retourné dans le salon avec son ami pour jouer son tour au monopoly.
Quand les ambulanciers sont arrivés, ils ont attendu encore quelques minutes que ma crise passe. Je me souviens encore m'être réveillée et tout était en noir et blanc comme dans mes rêves. Je voulais me relever mais on m'a repoussé au sol au cas où je recommencerais ma crise. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je ne rêvais pas. J'avais un mal de tête incroyable et j'ai demandé à ma mère qu'on me permette de me lever debout pour soulager ma migraine. On m'a ensuite demandé de m'allonger à nouveau mais dans la civière et on m'a amener à l'hôpital.
Il y avait au moins huit ou dix personnes autour de moi quand on m'a installé dans un lit aux urgences. On m'a donné un piton d'alarme au cas où je sentirais venir une autre crise puis ils sont retournés à leur ouvrage. C'est à ce moment que j'ai vu les yeux de ma mère. Des yeux de mort!!!
Aujourd'hui je peux comprendre son inquiétude mais à l'époque j'avais bien l'intention de lui prouver à elle et au monde entier que je n'étais pas aussi condamnée qu'on me laissait entrevoir. J'ai vécu le rejet de la société parce qu'on ne me faisait plus confiance pour garder des enfants, que les profs d'éducation physique avaient peur que je coule à l'eau durant mon cours de canot dans la piscine au secondaire et que mon médecin n'était pas sûre de contrôler complètement mes crises un jour...
J'ai dû cacher mon état de santé quelques années pour avoir la même chance que les autres. On est pourtant au XXIeme siècle et on craint encore l'épilepsie comme les sorcières au Moyen-Âge...
Même aujourd'hui, je crée un malaise quand je raconte avoir fait une crise d'épilepsie à l'adolescence. Tout de suite, j'ajoute que je suis complètement guérie parce que je ne prends plus de médication depuis plus de dix ans. Vraiment, notre société a encore du chemin à faire avant d'accepter l'épilepsie comme étant une maladie comme les autres.

jeudi 25 novembre 2010

Surprise Madame la Prof!!!

J'ai toujours peur des mauvaises surprises en classe mais cette fois-ci mes élèves m'ont bien eu et j'ai adoré!
Ce fut une petite semaine turbulente en classe puisque j'ai passé la semaine à demander à mes élèves de prendre une belle position sur leur chaise tellement ils avaient la bougeotte. Est-ce la neige? Peut-être.
J'étais en plein cours de mathématiques, en train de gesticuler entre les notions de lignes parallèles, perpendiculaires et d'angles droits, aigus et obtus, quand un élève en très grande difficulté a interrompu mon élan en levant la main pour me poser une question.
Inquiète je lui ai demandé ce qu'il ne comprenait pas alors il m'a répondu: "Ben, c'est toute la classe qui a quelque chose à vous dire Madame la Prof!" Sur le coup, j'étais paniquée. Une rébellion d'élèves, déjà? Pourquoi? J'ai pris une grande respiration, la plus zen possible, et je lui ai demandé ce qui se passait...
Il s'est tourné vers les autres élèves et la moitié de la classe s'est mise à me chanter Bôôônne fêêête madaaam'Prof!!! L''autre moitié, les plus sages, n'osaient pas trop embarquer et me surveillaient d'un air inquiet... Ahahahahahah!!! Je n'arrêtais pas de leur dire qu'ils étaient un mois en avance, que ce n'était pas ma fête mais tant pis, je les ai laissé continuer...
Une belle surprise et tant qu'à assumer l'imprévu dans ma vie, j'aime mieux assumer les bonnes surprises que les mauvaises...

mardi 23 novembre 2010

Face de tomate

J'ai l'air d'une vraie tomate. J'ai la peau irritée à cause de la crème hydratante que j'ai mise hier soir au coucher. Ouf!
Il paraît que c'est normal chez les femmes enceintes d'avoir la peau plus sensible mais là, même en utilisant une crème hydratante pour visage pour peau sensible, je je ne m'attendais pas à un tel résultat. J'ai fait un moyen saut en me regardant dans le miroir ce matin et plus la journée avançait, plus on me demandait si je faisais de la haute pression ou quelque chose du genre...
J'ai le visage en feu ce soir et je me demande ce que je pourrais mettre pour apaiser la douleur. Je n'ose plus rien mettre!!!

mercredi 17 novembre 2010

Des niaiseries qui rendent les élèves heureux

Maudit qu'on en dit des niaiseries à ses élèves dans une journée quand on est de bonne humeur.
Lundi, j'étais pas mal fatiguée de mes 22 heures de corrections de la fin de semaine et je n'avais pas tellement la tête aux blagues d'enfants mais tout est rentré dans l'ordre mercredi. Si on peut dire dans l'ordre quand on s'amuse à dire des niaiseries. En voici quelques exemples.
Ce matin, un élève présentait son livre de lecture rempli d'images de diverses armes de collections. Quand je lui ai demandé de lire le petit texte descriptif à côté de l'image d'un arc et ses flèches, on expliquait que cette arme était utilisée entre les années 1850 et 1860. Comme je savais que ça ne disait absoluement rien à mes élèves, j'ai ajouté: "Einh! En même temps que Lucky Luke!" et ils sont tous partis à rire.
La semaine passée, je faisais un examen sur les amérindiens et la question était: "Quel est le moyen de transport utilisé en hiver par les Iroquoïens?" Vous avez sans doute deviné que c'était les raquettes, hihihi. Mais j'ai décidé de faire réfléchir les élèves en leur demandant si les Iroquoïens se promenaient en skidoo à cette époque-là... Le fou rire que j'ai eu!!! J'adore faire rire mes élèves.
Vous auriez dû me voir devant les tables d'objets perdus ce matin. Je leur expliquait comment regarder, toucher et replacer les vêtements présentés sur la table. Je leur ai expliqué qu'on faisait comme au magasin de linge. J'ai pris une paire de shorts, je les ai placés devant moi et j'ai dit: "Oh wow, c'est justement ma grandeur!" Je leur ai expliqué qu'après cette étape, on devait les replier et les replacer comme il faut sur le présentoir pour faire plaisir aux madames qui travaillent dans les magasins de linge. Méchante mise en scène n'est-ce pas? La prof de 6e année, en voyant mes élèves aussi attentifs, s'est arrêtée pour les féliciter pour leur bon comportement. Je me demande si elle ne riait pas un peu de moi aussi... ;)) Sûrement, parce que quand elle est passée, j'étais rendue à faire un contre-exemple en imitant les gens qui aiment mettre le désordre dans mes présentoirs et qui jettent le linge sur les murs...

samedi 13 novembre 2010

Prendre soin de soin de soi

C'est en plein rush de la fin de semaine avant la remise des bulletins que je prends le temps d'écrire sur mon blogue. Pourquoi? Parce que j'aime ça et que je le fais pour moi.
Quand on est rendu à se lever le matin en pensant aux quatre piles de corrections qui se sont ajoutées cette semaine pour finaliser les bulletins, que la date limite pour rentrer les notes aux bulletins est lundi, qu'on ne verra pas la fin de semaine passer et qu'on est déjà tellement brûlé...
Il faut se trouver un peu de temps pour soi et refaire le plein. Je vais donc essayer de mettre à l'horaire quelques bains chauds, des séances d'arromathémapie avec mes petites crèmes préférées, du chocolat, une belle grosse couverture de laine, des tisanes, du bon air et peut-être même de la petite musique douce.
L'idéal, ça serait de transformer le travail en période de détente et faire un deux dans un. Est-ce qu'on peut se reposer avec un stylo rouge dans les mains? Je vais plutôt commencer par une bonne respiration de yoga et essayer d'oublier ma montre. Adieu stress!

vendredi 12 novembre 2010

Il court, il court, le furet

C'est la semaine avant la remise des notes au bulletin de mes élèves et je n'arrête pas de courir. Je planifie, je corrige, je me ronge des ongles en voyant le temps avancer, je planifie, je corrige... C'est une semaine de dingues!
Pour couronner le tout, je dois me faire remplacer demain pour aller à une formation et j'ai un élève qui a promis à ses amis qu'il allait refaire une crise en classe pour déranger le groupe comme la dernière fois avec la suppléante!
Tout à coup, je me sens coupable comme une maman qui prévoit sortir le soir avec ses amies alors que ses enfants ont promis de faire chier la gardienne!
Maudit sentiment de culpabilité de mère!!! On est en pleine nuit et je fais de l'insomnie à cause de ça. Je me sens coupable de me faire remplacer. Ouf! Je sens que je vais la trouver longue ma belle journée en formation avec mes amies.

dimanche 7 novembre 2010

Dimanche. Qu'est-ce qu'on fait?

J'ai décidé que mes enfants pouvaient inviter leurs amis le samedi après-midi seulement. De cette façon, je peux toujours traîner en pyjama très tard le dimanche et j'adore ça!
Quand ma fille m'a demandé pourquoi elle ne pouvait pas inviter ses amis le dimanche, je lui ai répondu que, pour beaucoup de monde, le dimanche est une journée de repos, une journée religieuse, une journée où on reste en famille. "Une journée religieuse?" m'a-t-elle dit? Ouf!
- Ben oui chérie! C'est le jour pour remercier dieu de nous avoir créé..." lui répondis-je en levant les yeux au plafond. Je ne suis pas très religieuse mais j'ai quand même poursuivi.
- Sais-tu qui est Jésus?
- Euhhh... Non, maman.
- C'est "Le fils de dieu, celui qui est mort sur la croix par amour pour son peuple!" ai-je lancé spontannément sur un ton monotone.
Mon fils s'est alors tourné vers moi, lâchant la télé qui l'hypnotisait, pour me demander:"Quoi?!" On aurait dit qu'il avait manqué une bonne blague. La tête qu'il a fait! Trop drôle.
Mais détrompez-vous, je ne suis pas une catholique convaincue, au contraire. C'est que j'ai enseigné la religion à ma première année de carrière et je connais pas mal bien le sujet. Mais le bon dieu a pris le bord bien vite dans ma vie.
Même si je ne suis pas pratiquante, je trouve qu'il y a quand même des bonnes valeurs dans les religions. Les catholiques relaxent le dimanche, les Juifs mangent une nourriture casher, plus naturelle, et les bouddhistes respirent mieux, surtout quand ils font du yoga.
Au fond, j'ai réalisé que pour prendre soin de soi, il faut relaxer la fin de semaine, manger mieux et respirer par le nez! Alors, on relaxe le dimanche!!!
Pour ce qui est de Jésus, je pense que je vais laisser le contrat à mon chum.

samedi 6 novembre 2010

L'oiseau quitte son nid

C'était la première vraie fête d'amis de mon fils, sans maman. Pas facile de laisser aller son petit oisillon hors du nid. Mais je pense qu'il était prêt.
Il peut être une petite tornade à la maison mais il avait déjà passé le test en allant à une autre petite fête chez une de mes amie sans que j'y aille. Mon amie m'avait dit qu'elle était surprise de le voir aussi responsable et si sage alors qu'elle le savait parfois assez mal commode à la maison.
J'ajouterais aussi que ça se passe toujours très bien à la garderie quand je ne suis pas là.
J'imagine qu'il a toujours été bien encadré et qu'il sait comment se comporter en public. Dans ce temps-là, on voudrait être un petit oiseau pour le savoir.
Cette première petite fête d'enfants sans maman me rappelle qu'un jour, mon fils va devenir grand et que mon petit oisillon va quitter le confort de son nid. Comme la vie passe vite!

jeudi 4 novembre 2010

C'est fait, je l'ai dit...

Avoir un lourd secret, c'est parfois difficile à cacher mais, c'est fait, je l'ai dit... J'ai raconté à l'orthopédagogue de mon école ce qui m'avait poussé à faire un arrêt de travail l'année dernière.
Je vous mets à puce à l'oreille? Et oui, j'ai fait un burn-out de profs. Ça faisait cinq ans que j'avais des groupes difficiles et qu'on remettait en question ma façon de gérer ma classe. Peu importe les interventions que je faisais, c'était toujours de ma faute et c'est ce que ma direction notait dans mon évaluation d'enseignante à statut précaire.
Cinq années, avec des élèves violents qui me frappaient, cinq années avec des parents d'élèves qui me trouvaient trop sévères, cinq années avec des directions qui ne m'offraient pas beaucoup d'aide et cinq années à travailler avec des collègues enseignants qui complotaient avec mes propres élèves pour perdre mon autorité face à mes élèves.
J'ai eu des bleus sur les bras par des élèves violents, des lettres de plaintes de parents qui me trouvaient trop sévère à ma direction, des collègues qui m'ont traité "d'hypocrite" parce que j'informais mon patron des vols que faisaient les autres enseignants dans le matériel de ma classe ou encore des demandes d'intervention que j'ai dû faire avec mon syndicat pour forcer la direction à m'offrir de l'aide pour un élève dangereux. Bref, j'en ai brassé de la marde en cinq ans!!!
Mais la cerise sur le sunday, c'est la plainte d'un parent à la police. J'ai un petit gars à lunettes qui a convaincu ses parents que je l'avais frappé devant toute la classe et lui aurais causé un oeil au beurre noir. L'histoire ne parle pas de ses lunettes qui seraient restées intactes mais elle se serait passée le mois d'avant, à une date où j'étais absente, et la mère qui n'a pas contacté l'école, s'est rendue au poste de police avec son enfant. Elle a aussi convaincu plusieurs élèves de ma classe à faire une déposition comme témoins à la scène.
J'ai été traité comme une criminelle. La commission scolaire m'a suspendue avec solde sans avoir le droit d'entrer en contact avec mes collègues de l'école et en m'expliquant que si la plainte était retenue, on allait m'enlever mon salaire pour la durée du procès (en moyenne deux ans?!!). Tout ça à une époque où mon conjoint faisait un retour aux études après une grosse dépression et que j'étais la seule à amener un revenu à la maison pour nourrir notre jeune famille. J'ai vécu mon premier interrogatoire à vie devant la police. Cinq heures à tenter de me tirer les vers du nez. Entre deux larmes, je revois encore les yeux du policier me dire:"En tout cas, madame, même si vous dites la vérité, j'espère que ce sera la dernière fois que l'on va vous revoir parce que la prochaine fois on va s'en souvenir..."
La plainte a été rejetée après trois mois de paperasse administrative. C'est dur à cacher, c'est dur de ne plus y penser. J'en étais arrivée à avoir peur des enfants. Malheureusement, il n'y aura jamais de compensation ou d'excuses pour tous ces crimes commis contre moi. C'est dommage mais il paraît que c'est ça la vie.

mardi 2 novembre 2010

Jour 1 après le "sucrage" d'Halloween

C'était le retour en classe des élèves après la fête d'Halloween. Le taux de sucre avait-il eu le temps de baisser? Non.
Malgré toute leur bonne volonté, mes élèves ont passé leur avant-midi assis sur une fesse, puis sur l'autre, parfois à genoux sur leur chaise, parfois la tête couchée sur leur pupitre. Ils étaient bien sages mais pas mal gigotteux.
Mais au retour du dîner, on aurait dit que tout arrivait en même temps. Une élève est entrée en pleurant parce qu'une joueur de tour avait lancé sa tuque dans un arbre et qu'il était impossible d'aller la chercher. Un autre avait caché des pétards dans le sable et, pour couronner le tout, il y en avait un qui avait pété les plombs au service de garde durant l'heure du dîner. Trop fatigué, il s'était finalement couché et endormi dans un autre local.
J'ai dû calmer tout ce beau monde avant de donner ma dictée trouée et corriger l'examen de sciences. Celle qui avait perdu sa tuque avait le nez dans la fenêtre et s'est mise à paniquer en voyant quelques adolescents dans la cour de notre école. Celui qui avait caché des pétards faisait une migraine et risquait de vomir d'une minute à l'autre. Quant à celui qui avait dormi sur l'heure du dîner, il s'est mis à pleurer à chaudes larmes en pleine classe... Euh... Un chausson avec ça?
Évidemment, la tuque n'était plus dans l'arbre à l'heure de la récré. J'ai dû prendre 20 minutes en fin de journée pour faire le tour de l'école avec mon élève sans rien trouver. On a donc demandé à une autre élève qui connaissait certains de ces adolescents pour ramener la tuque cette semaine. Celui qui avait fait une migraine a quitté la classe quelques instants avec une éducatrice pour se calmer et les pétards qu'il a déterré à la récréation n'étaient que de petits anneaux inoffensifs en plastique rouges de fusils à pétards déjà utilisés. Quant à celui qui pleurait, je l'ai envoyé au secrétariat et sa mère est venue le chercher pour qu'il aille se reposer à la maison.
Pas facile la vie... En espérant que demain soit un meilleur jour!