mardi 8 février 2011

Nostalgie

La plus grande réussite d'une enseignante c'est de savoir qu'on a fait la différence dans la vie d'un enfant, qu'on a réussi à l'amener un peu plus loin, à faire de nous LA personne qui a changé la vie d'un enfant. C'est tellement valorisant!!!

Hier, je lisais un article d'un vieux Reader Digest où une maman bénévole aidait un petit rebelle de l'école à lire. Elle lui offrait du temps, de l'écoute et tout le personnel de l'école n'en revenait pas de voir les progrès de cet enfant que tout le monde avait abandonné.

Je trouvais ça tellement beau que je me suis mise à penser à cet élève, que j'ai laissé à l'école en prenant mon retrait préventif. Ce petit Minou qui est même responsable de mon retrait pour avoir menacé de faire du mal à mon bébé dans mon ventre. Cet enfant dont personne ne venait à bout et qui a encore vécu l'abandon d'un adulte en qui il avait enfin confiance: moi. Pauvre Minou! Comme dans la petite revue, tout le monde à l'école n'en revenait pas des progrès de cet enfant. Calme en classe mais toujours en crise quand il arrivait au service de garde, je sais que les crises ont réapparu avec ma suppléante! J'avais certainement réussi à devenir une personne qui a changé la vie de Minou mais pour combien de temps?

Le problème quand on sait que l'on a fait la différence une fois dans la vie d'un enfant, c'est ce sentiment de culpabilité. Ce sentiment qui nous pousse à en faire plus, qui nous pousse à nous dépasser et à réussir à tout prix. C'est tellement envahissant que l'on se réveille la nuit pour trouver encore des solutions, on passe des fins de journée à préparer un petit quelque chose qui fera la différence et des fins de semaines entières à réfléchir. On n'arrive plus à décrocher et beaucoup d'enseignants s'épuisent.

Cette semaine, dans le statut de facebook de quelques-une de mes collègues, certains émettaient des commentaires dénigrants les enseignants qui ont compris que la vie, ce n'est pas juste enseigner. On pointait du doigt celles qui quittent le travail avant 17h, celles qui ne font pas de gros projets spéciaux dans leur classe et qui ne sacrifient pas leurs fins de semaine à planifier... Oh mon dieu! Mais c'est le culte au burn out ou quoi? Même nos collègues enseignants s'y mettent!!! Trop en faire est devenu une norme.

Je pense qu'il faut avoir atteint le fond du baril une fois dans sa vie pour affronter ces commentaires sans se sentir coupable de penser un peu à soi. Et j'ajouterais aux auteurs de ces statuts que les enfants n'ont pas juste besoin d'un enseignement réinventé qui demande plusieurs heures de préparation, ils ont besoin d'avoir des modèles d'équilibre de vie, d'enseignants heureux et dynamiques mais aussi d'enseignant qui ne partiront pas en burn out en plein milieu de l'année!!! L'enseignement doit être un travail qui valorise l'équilibre!!!

On a beau vouloir faire la différence auprès de nos élèves, il faut d'abord faire la différence pour nous!!!

4 commentaires:

  1. Je suis allée près du fond de ce baril une fois... puis aujourd'hui, je me permets encore de rêver, de planifier de belles activités, quelques extras. Mais je dis non aux tâches qui ruinent ma bonne humeur, aux commentaires négatifs que j'entends... je choisis mes causes.

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  2. Bravo! Quelle belle réflexion et quelle sagesse!

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  3. C'est difficile d'équilibrer le tout... Il y a souvent le avant les enfants et les après.

    Merci pour ce bon texte, je viens de le partager.

    Hier, j'ai fait mille choses, mais j'ai aussi oublié la fête d'un élève: la honte!

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  4. (Une petite parenthèse ici : le monde est à la fois si grand et si petit ! Je m'explique : deux amies blogueuses, dont une que je n'ai pas rencontrée commentent le blogue d'une personne que j'ai rencontrée avant qu'elle ne blogue. C'est fou ! :D )

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